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Bref historique du tatouage
Petit tour du monde au fil des époques et des contrées…

Origine du mot tatouage

L’origine du mot « tatouage » provient du mot tahitien « tatau » lequel est issu de l’expression « ta-atoua » qui est la combinaison de la racine « ta » qui signifie « frapper, heurter » et du mot « atoua » qui veut dire esprit.

Les indigènes Tahitiens marquaient ainsi leur corps afin de s’accorder les grâces, la protection et les faveurs de leur esprit. Dès l'origine, l’âme et la peau sont étroitement liées.

La pratique du tatouage remonte à la préhistoire. Comme en témoignent de nombreux vestiges, peintures rupestres, vases, poteries, figurines, cette pratique était répandue à travers le monde entier. Selon les époques et les civilisations, la pratique du tatouage revêtait de significations totalement diverses, qui pouvaient être : hiérarchie, signe de reconnaissance, preuve de courage, signe de deuil, croyance, procédé thérapeutique, lien avec la fertilité, valeur rituelle, servitude, emblème de séduction, symbole de protection, moyen de repère et d’identification...

Suivant les périodes et les matières premières à disposition, les outils, techniques et pigments employés étaient différents.
Les outils pouvaient varier de la simple épine de plante ou objet tranchant à l’aiguille travaillée et décorée de métaux précieux.
Les techniques pouvaient diverger du piquage, drainage, cette technique consiste à faire passer un fil enduit de pigment sous la peau, brûlage et incision, ces deux dernières pratiques étaient suivies par le recouvrement de la plaie par du pigment.
Les pigments et fixatifs étaient également fabriqués à partir de substances très variées : du noir de fumée, la poudre d’une pierre broyée, de la poudre à fusil, du charbon de bois, du jus d’herbe, de plantes ou de certaines baies, de l’huile végétale, du fiel de bœuf, de la salive, de l’urine…

Le tatouage tribal faisait souvent partie de rituels religieux ou magiques et tout ce qui le concernait devenait sacré. Seul un « maître » pouvait manier les aiguilles, considérées comme sacrées, des pouvoirs magiques étaient alors attribués aux pigments.

Tyrol du sud

Ötzi, l'homme des glaces, était un chasseur néolithique, mort à la suite d’une blessure à une artère près de l’épaule il y a 3'300 ans avant Jésus-Christ. Selon une récente théorie, Ötzi aurait pu être assassiné dans une lutte de pouvoir.
Retrouvé en 1991, dans les Alpes italo-autrichiennes, par deux randonneurs, le corps d'Ötzi présente une soixantaine de tatouages, sous forme de croix et de traits.
Une théorie veut que neuf d'entre eux correspondent à des points d'acuponcture et que ses tatouages aient été réalisés dans un but thérapeutique.

L’ancienne Egypte

La femme d’Amunet a été trouvée à Thèbes. Amunet était une prêtresse d’Hathor, Hathor était la déesse de la Joie et de l'Amour dans la mythologie égyptienne. Sur des fragments de peau de cette momie, âgée de 4'000 ans environ, on peut distinguer des lignes et des points tatoués au niveau des bras, des jambes, au-dessus du nombril ainsi que des scarifications.
La seconde momie, probablement une danseuse, portait des losanges tatoués sur les avant-bras et la poitrine.
Pour conjurer le mauvais sort, les prostituées, danseuses et musiciennes portaient, tatoué sur le haut de la cuisse, l’effigie du dieu Bès, le dieu Bès, représenté sous la forme d'un nain barbu et difforme, aux jambes arquées, le visage grimaçant, symbolise la protection de la sexualité et des naissances, sa magie éloigne les forces du mal, les maladies et les dangers éventuels, c'est un dieu de la joie et de la danse. Une amulette à son effigie apporte la protection à celui qui la porte.
Les tatouages n’avaient pas uniquement une fonction esthétique et protectrice, leur position, sur le bas ventre et leur présence uniquement sur le corps des femmes, laissent supposer un lien en rapport avec la fertilité.
Une femme, qui redevenait mère après avoir perdu un enfant, faisait tatouer un point au milieu du front et un autre sur la face externe de la cheville gauche de son enfant ; ces deux points étant symboliquement et spirituellement un barrage contre la mort.
Le tatouage revêtait une fonction curative ou préventive contre les maladies. Une croix tatouée sur le front, un oiseau encré sur le bord externe de l'œil étaient un remède contre les maux de tête et la faiblesse d'esprit. Le tatouage figuratif était aussi représenté, son but était toujours plus religieux ou superstitieux qu'ornemental ; le poisson par exemple symbolisait la fertilité, la chance et la protection. Parmi les signes géométriques pratiqués, le point avait un rôle magique, le cercle délimitait la partie malade ou à protéger.

Scythes

La momie, âgée de 2'300 ans environ, d’un homme Scythe, ornée de tatouages très complexes, a été trouvée en 1948 sur le site archéologique de Pazyryk, ce site est situé en Sibérie méridionale sur le versant oriental de l’Altaï.
La taille de la tombe, de grande importance, laisse supposer que cet homme appartenait à la noblesse.
Les tatouages de cet homme, exécutés avec virtuosité, représentent un répertoire animalier ainsi que des animaux fabuleux.
Grands cavaliers, les Scythes étaient des guerriers fiers et redoutables. Pendant près de mille ans, les Scythes ont diffusé leur culture et occupé l'immense steppe qui s'étend entre l'Altaï et le nord de la mer Noire.

Pays celtiques

Les pays celtiques, qui étaient implantés dans la quasi-totalité de l’Europe, regroupaient les régions d’Europe qui s'identifiaient par leur culture, leur art, leurs lois, leur religion, leurs coutumes, leurs rites et, de manière plus spécifique, par leur langue.
De tous les arts pratiqués par les anciens Celtes, l'orfèvrerie représentait leur art le plus riche. Des motifs proprement celtiques, comme le triskèle, ont été révélés par l’orfèvrerie.
De nombreux natifs des peuples celtiques tels que les Celtes, les Gaulois ou les Pictes arboraient des tatouages. Parmi ces peuplades, les Pictes étaient certainement les plus tatoués.
Ce peuple, qui occupait les Highlands d’Ecosse, combattit les Romains. Les guerriers et guerrières Pictes, qui étaient extrêmement tatoués, se battaient nus, pensant que leur nudité leur conférait une immunité magique. La vue de leurs tatouages effraya les Romains. L’origine de leur nom « Picti » ou « Hommes peints » provient justement du nom que leur attribuèrent les Romains. Leurs tatouages noirs et bleus furent même cités par Jules César.
L’iconographie des tatouages celtiques était représentée par un grand nombre de formes animales comme le sanglier, le chien, le bœuf, le cerf, divinité des forêts qui, à son tour, est le lieu sacré des croyances celtiques, par des éléments de la nature plus ou moins stylisés, feuilles, fleurs, chêne, gui et également par des créatures mythiques ou hybrides, des formes géométriques circulaires. Le cercle, qui dans de nombreuses cultures est une forme de continuité et d’immortalité, et des figures à branches circulaires comme le triskèle.

Grèce et Rome antique

Le tatouage vint aux Grecs par les Perses, ces derniers étaient les ennemis jurés des Grecs. Le tatouage faisait partie de la culture persane, des statues et des sculptures datant de l’Empire Perse, 550 à 330 ans avant Jésus-Christ, en prouvent l’existence.
Les Grecs, méprisant tout ce qui provenait de leurs ennemis les Perses, utilisèrent le tatouage comme méthode punitive marquant leurs prisonniers, criminels et esclaves.
A leur tour, les Grecs transmirent le tatouage aux Romains. Ces derniers, comme les Grecs, usèrent du tatouage pour marquer leurs esclaves.
Puis, ils étendirent le marquage aux mercenaires de peur que ceux-ci ne désertent. Certains soldats de la légion romaine demandèrent à être marqués, les plus demandeurs étaient ceux qui avaient combattus les Pictes et qui souhaitaient, à leur tour, porter des motifs effrayants.

Le triangle polynésien

Le tatouage était une pratique très répandue sur toutes les îles formant le triangle polynésien, celui-ci regroupe les îles situées entre Hawaï, la Nouvelle-Zélande et l’Ile de Pâques.
Dans la culture polynésienne, le tatouage était à la fois un habillement, un langage, un symbole de pouvoir, de courage, de force, un attrait érotique, un titre de gloire, un moyen de distinction marquant le rang social.
Certains motifs étaient censés protéger l’homme de la perte de son mana, la force divine responsable de la santé, de l’équilibre et de la fertilité, et le défendre des influences maléfiques.
L’art du tatouage était sacré et réservé aux initiés, il était pratiqué par des shamans passés maîtres dans les rituels religieux. Les tatoueurs étaient des personnages extrêmement importants dans la société polynésienne car ils marquaient, dans le vrai sens du terme, chaque étape de la vie des individus.
Les hommes sans tatouage étaient méprisés tandis que ceux dont le corps était entièrement tatoué jouissaient d’un prestige considérable.
La cérémonie du tatouage était un véritable rituel. Pratiqué au son des tambours, des flûtes, des coquillages et accompagné de chants, il revêtait d’un air de festivité.
C’est à Tahiti, dans la baie Matavai, qu’en 1769, le vaisseau du navigateur anglais, James Cook, jeta l’ancre. Durant cette escale, les marins occidentaux, fascinés par les motifs qui couvraient les corps des Tahitiens, s’essayèrent au marquage corporel et, à leur retour en Angleterre, ils réintroduisirent le tatouage en Europe, pratique qui s’était progressivement effacée de ce continent.
En 1819, le roi Pomaré II, convertit au protestantisme par les missionnaires, introduisit le code Pomaré à Tahiti. Accordant ses propres volontés à celles des missionnaires anglais, dont le but premier était de modifier les mœurs des indigènes qu’ils considéraient immorales, le roi édicta une liste de délits. Parmi les 71 délits figurant dans le code Pomaré, le 64ème proscrivait le maniement de l’instrument à tatouer, l’outil à tatouer était un peigne aux dents en os ou en écailles de tortue, fixé à un manche en bois.
C’est seulement depuis les années 1980 que cet art renaît en Polynésie française.

Nouvelle-Zélande

C'est à la culture polynésienne que la Nouvelle Zélande doit l'art du tatouage. Les artisans tatoueurs étaient des personnes très respectées.Tous les Maori, le premier peuple indigène de la Nouvelle-Zélande, de haut rang étaient tatoués et ceux qui ne l'étaient pas étaient discrédités.
La pratique du tatouage commençait dès la puberté pour marquer la transition de l'enfance à l'âge adulte. Rituel sacré, sa pratique était toujours accompagnée de musique et de chants.
Dans la culture maorie, la tête était la partie la plus sacrée du corps. De ce fait, le Moko du visage, tatouage traditionnel facial complet, rendait le guerrier attirant pour les femmes.
Le trafic des têtes tatouées se développa au 14ème siècle, porter un Moko devint un risque de se faire décapiter.
La culture maorie ainsi que ses traditions ancestrales rencontrent un nouvel essor depuis les années 1990. C’est pourquoi, le tatouage traditionnel maori y compris le vieux matériel de tatouage tel les ciseaux, qui étaient autrefois fabriqués à partir de matière tranchante comme une pierre dentelée, des os d’albatros, connaissent un nouveau départ.

Amérique centrale et Amérique du Sud

Les tatouages des Mayas, peuple amérindien du Mexique et du Guatemala, s’encraient en signe de courage.
Les femmes se perçaient le cartilage entre les narines et y apposaient un morceau d’ivoire, ceci était considéré comme un bijou.
Hommes et femmes portaient des boucles d’oreilles et leurs corps étaient tatoués jusqu’à la taille.
Beaucoup de prêtres mayas se tatouaient jusqu’à en devenir effrayant, pensant ainsi quitter leur statut d’humain et se rapprocher des dieux.
Dans certains villages côtiers, on estime, qu’au minimum, trente pour cent de la population était tatouée.

Les nombreux dieux rattachés à la religion des Aztèques, peuple qui régnait  au Mexique au 15ème siècle, détenaient un rôle privilégié dans la culture aztèque. C’est pourquoi, les tatouages, réalisés durant des rituels en l’honneur d’un dieu spécifique, n’étaient pas uniquement destinés à une parure du corps. De nombreux tatouages étaient dédiés au Dieu Huitzilopochtli, Dieu Soleil et de la Guerre, qui était le protecteur de la tribu aztèque. Une autre divinité était également fréquemment tatouée le Quetzalcóatl, le serpent à plumes, Dieu de la Végétation et de son Renouveau.
Les tatouages des Aztèques indiquaient également une marque de distinction et même les enfants étaient tatoués.

En 1920, au Pérou, des archéologues découvrirent des momies tatouées appartenant à la civilisation chimu, les Chimu peuplaient l’actuel Pérou. Ces momies datent du 11ème siècle. Les pigments, retrouvés dans les sépultures des momies, étaient appliqués avec divers types d'aiguilles ; arête de poisson, plume de perroquet, coquillage épineux.
Le nombre de corps tatoués retrouvés laisse supposer qu’un tiers de la population chimu était tatouée. Il a également été suggéré que les femmes étaient les principales artistes du tatouage.
Les Chimu étaient également de grands orfèvres.
Les Incas soumirent les Chimu et, à l’instar de ces derniers, les Incas, considérant leur corps comme l’œuvre parfaite du Soleil, leur Dieu, refusèrent le tatouage.

L’Amérique du Nord

Le tatouage était répandu sur toute l'Amérique du Nord, avec la peinture corporelle, il pouvait remplacer l'habillement.
Les marquages corporels indiquaient l'appartenance à une tribu, le rang social, les actes de guerre et de chasse accomplis, il revêtait également d’un rite de passage.
De nombreuses tribus pensaient que l’esprit d’un défunt emportait son honneur et ses tatouages dans l’au-delà et que ceux-ci lui permettaient de se faire accueillir par les ancêtres.

Les Sioux, lors de la danse du soleil, prouvaient leur courage en se faisant tatouer. Les Sioux étaient un peuple sédentaire qui habitaient les grandes plaines du Dakota du Nord, Dakota du Sud et du Canada. Ils alternaient la culture du maïs, la cueillette du riz sauvage et la chasse aux bisons.

Les Chickasaws, tribu qui vivaient au Mississipi, en Caroline du Sud et Caroline du Nord, villes établies au sud-est des Etats-Unis, étaient de fiers guerriers. Ils avaient la réputation d’une grande bravoure au combat.
Les guerriers Chickasaws, parmi les plus valeureux, arboraient de très nombreux tatouages.
Après avoir réduit leurs ennemis en esclavage, les Chickasaws les vendaient.

Les tatouages des Iroquois d'Ontario, ville située au Canada, étaient raffinés et élaborés, ils reflétaient d’un statut élevé.
Les Iroquois étaient un peuple agriculteur, semi-sédentaire. Ils étaient réputés pour être de terribles guerriers, leurs prisonniers de guerre pouvaient être mangés.

Les garçons Cherokees, peuplade puissante du nord de la Géorgie et des Carolines, étaient tatoués dès leur enfance.
Les Cherokees, comme nombre de tribus indiennes, avaient des esclaves.

Les chefs Timucuas, tribu autrefois installée en Floride, étaient couverts de tatouages des chevilles jusqu’au cou, parfois même, jusqu’au visage.

Les Natchez, ethnie établie le long du Mississipi, pratiquaient le tatouage dès l’enfance. Ils marquaient leur corps de nouveaux tatouages à chaque étape importante de leur vie.

La tribu Haïda, considérée comme l’une des plus anciennes du Nouveau Monde et reconnue au Canada en tant que peuple des Premières Nations, était installée sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. Les Haïdas étaient de redoutables guerriers. Ce peuple, notamment connu pour ses totems gigantesques, décorait la majorité de leurs sculptures de figures emblématiques tels qu’animaux, oiseaux, créatures mythiques, les reproductions de leur art était appliquées sur un large éventail de matières y compris sur la peau humaine par le tatouage.

En 1972, sur le site archéologique du Qilakitsoq au Groenland, bien que géographiquement situé en Amérique du Nord cette île est dépendante du Danemark, huit momies furent découvertes au fond d’une tombe gelée datant du 15ème siècle.
Parmi les huit momies, les visages de cinq d’entre elles étaient marqués de tatouages encrés au niveau du front, des joues et du menton.

Les Inuits, ethnie originaire de l'Asie, peuplent aujourd'hui les régions arctiques de l'Amérique et du Groenland.
Les femmes Inuits étaient tatouées pour faire perdurer les traditions ; selon leur croyance, si elles s'en abstenaient, elles ne pouvaient trouver la paix après leur mort. Le tatouage sur leur menton indiquait leur état civil.
Tandis que les hommes chasseurs et pêcheurs méritaient leur tatouage en fonction du nombre de prises ; chaque baleine abattue prévalait d’un point sur le visage : plus un homme arborait de points, plus il avait contribué à la survie de son peuple et plus il gagnait en prestige.

La première boutique de tatouage « tattoo shop » fut ouverte en 1846, à New York, par Martin Hildebrandt, un émigré allemand qui était auparavant un tatoueur itinérant, les tatoueurs, à cette époque, suivaient les foires, les cirques, tatouaient dans les rues, les ports ou sur les bateaux.
Martin Hildebrandt devint ainsi le premier tatoueur professionnel d’Amérique. Sa boutique était toujours remplie. En attendant leur tour, les marins faisaient la queue sur le trottoir, cette attente pouvait durer une journée complète !

En 1875, la seconde boutique de tatouage qui fut ouverte à New York, par Samuel O’Reilly, révolutionna l’art du tatouage.
En 1891, Samuel O'Reilly, inventa la machine à tatouer électrique. L’invention de Samuel O’Reilly était une extension modifiée du stylo, alimenté par pile électrique, conçu en 1876, par l’inventeur américain, Thomas Edison. L’invention de la pile électrique est due au physicien italien, Alessandro Volta, mise au point en 1800.
En 1958, il y eu une épidémie d’hépatite à New York. Sous prétexte que le tatouage pouvait contribuer à la propagation de l’épidémie, le conseil de santé de la ville en interdit la pratique en 1961.
Malgré l’interdiction, le tatouage continua à se pratiquer dans la clandestinité. Ce n’est que 37 ans plus tard, en 1998, que le maire de la ville leva officiellement cette interdiction.

Japon

L’art du tatouage au Japon porte plusieurs noms :
Lhorimono est le terme qui désigne les tatouages en général.
Lirezumi concerne les tatouages traditionnels qui couvrent de larges parties du corps et peuvent aller jusqu’au tatouage intégral. Ces tatouages sont de véritables œuvres d’art qui prennent plusieurs années à être finies et coûtent une vraie petite fortune.
L’irebuko était un souvenir pour les amoureux. En témoignage de leur amour, les amoureux inscrivaient le nom de l’être aimé à l’intérieur de leur bras ou de leur cuisse suivi de l’idéogramme de la « vie ». Certaines prostituées, des quartiers du plaisir, utilisaient également ce type de tatouage pour augmenter leur attrait envers leurs clients ; ce type de tatouage, traduisant l’idée d’un gage d’amour, d’une promesse de loyauté envers un amant, n’était pour beaucoup d’entre elles qu’un moyen de fidéliser leurs clients.
Le kakushibori, qui signifie tatouage caché, était un tatouage dit « négatif » car ce tatouage, fait à la poudre de riz, se teintait de rouge lors de certaines occasions comme l’excitation, un bain chaud ou encore sous l’emprise de l’alcool.

L’introduction du bouddhisme, venu de Chine et de Corée, au Japon, au milieu du 6ème siècle, opposa les adeptes de l’ancienne croyance, le shinto, aux partisans du bouddhisme, adopté officiellement par l’aristocratie. Sous l’influence grandissante de la culture chinoise, en Chine, le tatouage était considéré comme un acte barbare et employé pour marquer les criminels, le Japon, à son tour, institua le tatouage comme une pratique infamante et l’employa également pour punir, humilier et marquer à vie les bandits.

Dans la société japonaise, la pratique du tatouage, employée par les prostituées pour se tatouer elles-mêmes, bras, main, poitrine ou visage à des fins érotiques ajouté à son utilisation pour le marquage punitif des bandits, fut assimilée aux mauvaises mœurs et réservée aux classes les plus basses.

Au 13ème siècle, le tatouage commença à intéresser les maîtres des estampes. Il accéda au rang de l’art grâce à un roman intitulé « Au bord de l’eau » illustré par un grand maître de l’estampe. Les héros de ce roman, genre de Robin des Bois, étaient entièrement tatoués.
Les artistes du théâtre japonais traditionnel furent les premiers à recourir au tatouage pour amplifier les détails dramatiques de leur visage. Peu à peu, le phénomène se répandit et intéressa les individus dont le métier devait retenir l’attrait du client comme les porteurs de palanquins, les taxis de l’époque, ou les hommes dont le métier était dangereux, pompiers, charpentiers…, leurs tatouages étant considérés comme un moyen de protection spirituelle, ils se faisaient encrer un tigre, une carpe, un dragon ou un coq, animaux symbolisant le courage, la puissance ou encore la force masculine.

Le tatouage punitif des criminels créa une nouvelle classe d'exilés. Beaucoup de ces hors-la-loi étaient des rônins, samouraïs sans maître. N'ayant plus aucune place dans la société et nulle part où aller, ils n'eurent d’autre alternative que d’organiser des gangs. Ces hommes formèrent les racines des yakusas, gangs de criminels organisés. Les Yakusas, adoptèrent le tatouage comme preuve de courage, de rébellion et de loyauté envers leur clan.
Les tatouages des Yakusas sont d’une grande richesse artistique, ce sont de véritables œuvres d’art pouvant recouvrir le corps dans son intégralité.

L’irezumi, de part sa richesse, son élégance et ses valeurs symboliques, était universellement reconnu. Paradoxalement, au Japon, il continuait à souffrir d’une mauvaise réputation auprès de l’aristocratie et des autorités qui tentaient de l’abolir depuis des siècles.
Cependant, malgré ces interdictions, le tatouage continua à être pratiqué dans la clandestinité dans la ville d’Edo, ancien nom de la ville de Tokyo.
A cette époque, le Japon avait fermé ses portes à l’Europe, entretenant des relations commerciales uniquement avec la Corée, la Chine et la Hollande, les Européens n’étaient pas admis sur le sol japonais sous peine de mort.
En 1867, lors de l'abdication du dernier shogun, l'époque d'Edo prit fin et l'empereur Mutsuhito accéda au trône. Dans un effort d’intégration et d’ouverture au monde occidental, l’empereur interdit officiellement la pratique du tatouage, qu’il considérait comme une relique barbare du passé.
Toutefois, les tatoueurs japonais purent continuer à exercer leur art car les marins occidentaux, faisant escale au Japon, n’attendaient qu’une chose… Obtenir un rendez-vous chez un tatoueur local ! Ce n’est qu'en 1948 que la prohibition fut officiellement levée.

Depuis les années 1990, pour réintégrer la société, de plus en plus de Yakusas cherchent à supprimer leur tatouage par opération laser.

De nos jours, la mauvaise réputation qui entoure encore les tatouages fait que certains lieux publics comme les bains, les clubs de fitness refusent les personnes tatouées.

Les Aïnous, peuple de Russie refoulé et sédentarisée sur l’île de Hokkaidô au nord du Japon, pratiquaient le tatouage depuis la préhistoire.
Les femmes Aïnous, tatouées à la puberté, portaient des tatouages recouvrant la bouche, le contour de la bouche et dont les bords, faisant penser à de grosses moustaches, remontaient sur les joues. Le dessus de leurs mains était tatoué de figures remontant sur les avant-bras.
Les femmes Aïnous coloraient leur visage avec de la suie.
Hommes et femmes portaient des boucles d’oreilles.
En 1869, la Commission de Colonisation fut établie et les Japonais commencèrent à s'installer massivement sur l'île, si bien que les Aïnous devinrent rapidement minoritaires. Renforçant du même coup l'assimilation forcée, de nombreuses traditions et coutumes aïnous furent interdites ; comme, entre autre, le tatouage des femmes et les boucles d'oreilles des hommes.

Chine

En Chine, considéré comme une offense perpétrée sur le corps, le tatouage était une pratique méprisée. A certains moments de l’histoire chinoise, le tatouage fut utilisé pour marquer les criminels ; il figurait parmi les cinq punitions aux côtés de la mort, la castration, l'amputation du nez et des pieds. Le marquage corporel punitif était pratiqué au niveau du visage, il était suivi de l’exil vers une terre lointaine. Cette forme de punition était connue sous le nom de Pei Ci, tatouage / exil.
En Chine, l'art du tatouage, appelé Ci Shen ou Wen She, terme qui signifie littéralement percer le corps, remonte à plusieurs milliers d'années. Bien que cet art fût ancestral, sa pratique demeura rare. Le tatouage faisait cependant partie intégrante des coutumes de certaines ethnies établies dans le sud de la Chine, et, de par ces peuplades indigènes, il se rependit en direction de l'ouest par la route de la soie, la route de la soie s'étendait de la ville de Xi'an jusqu’à Antioche, ville située en Turquie, proche de la frontière syrienne.

La présence, la plus marquée, du tatouage se trouvait parmi les minorités chinoises des peuples Drung et Dai, ainsi que la population Li.

Le tatouage chez les femmes Drung, ethnie qui vivaient le long de la rivière Dulong, remonte à la dynastie Ming, de 1368 à 1644. A cette époque, les Drung subissaient les attaques de la plupart de leurs voisins, et les femmes étaient souvent soumises en esclavage.
Les femmes Drung, jugeant qu’en s’enlaidissant, elles étaient moins susceptibles d'être violées, commencèrent à tatouer leur visage. Bien que les villages Drung ne fassent actuellement plus l'objet d'attaques de tribus voisines, cette tradition s'est prolongée jusqu'à nos jours.
S'agissant également d'un rite de passage au statut de femme et d’un signe de maturité, c’est vers l'âge de 12 ou 13 ans, que les jeunes femmes Drung se faisaient tatouer le visage.

Le tatouage, pour le peuple Dai de Chine, le groupe ethnique Dai est très proche des Thaïs, lequel forme le groupe ethnique majoritaire en Thaïlande, fait partie d’une tradition très ancienne. Hommes et femmes étaient tatoués.
Les femmes Dai tatouaient généralement le dos de leurs mains et de leurs bras ou portaient un petit point tatoué entre les sourcils, le tatouage des femmes Dai symbolisait la beauté.
Le tatouage des hommes Dai, était considéré comme un signe de force, de virilité et de bravoure. Leurs tatouages étaient souvent réalisés de manière à accentuer et mettre en évidence leur musculature. Bien qu'il n'y eût aucun symbole traditionnel établi, leurs tatouages représentaient le plus souvent une bête féroce comme un tigre ou un dragon.

Le tatouage faisait également partie de la tradition du peuple Li de l'île de Hainan. La plupart de leurs tatouages étaient réalisés sur les femmes. Les hommes portaient, à des fins médicinales, trois anneaux circulaires bleus tatoués autour de leurs poignets, mais en dehors de cela, le tatouage concernait surtout les femmes.
Le tatouage, pour le peuple Li, était considéré comme un rite de passage au statut d’adulte. La jeune femme Li était tatouée vers l’âge de 13 ou 14 ans. Elle était d'abord tatouée sur la nuque, la gorge et le visage. Ce processus prenait environ 4 ou 5 jours.
Au cours des trois années suivantes, la jeune femme était tatouée sur les bras et les jambes. Ses mains n'étaient pas tatouées, le tatouage des mains étant réservé aux femmes mariées.
Les motifs des tatouages variant considérablement d'une tribu Li à une autre, ils pouvaient être utilisés pour définir l'appartenance d'une femme à une tribu.

Dans les années 1960, au cours de la révolution culturelle, Le président Mao Tsé-Toung, associant les tatouages à des manifestations de l'impureté et de la malhonnêteté, interdit le tatouage en Chine.
Ces interdictions persistent encore aujourd'hui ; les membres de l'armée ont l’interdiction d'avoir le moindre tatouage. De même que certaines entreprises ont adopté des règles internes qui interdisent l'engagement de personne tatouées.
Les autorités chinoises ont tendance à avoir facilement des préjugés négatifs à l'égard des personnes arborant des tatouages.

Bornéo

Par sa superficie, Bornéo est la quatrième île au monde, c’est une île du Sud-Est asiatique, région située au sud de la Chine et à l'est de l’Inde.
Sur cette île, vivaient les guerriers Dayak, surnommés « coupeurs de têtes ».
Les tatouages que portaient les guerriers Dayak racontaient leurs origines, leur rang, leur courage, leurs conquêtes. Le tatouage était une activité sacrée liée à de nombreux aspects de la culture traditionnelle Dayak. Il englobait le culte des esprits et la chasse aux têtes.
Selon l’ethnie Dayak, le sexe de la personne, la partie du corps et le motif tatoué, chaque tatouage avait une symbolique distincte. D’ailleurs, chaque tatouage portait un nom différent.
Les tatouages ne pouvaient être réalisés à n’importe quelle période. Le moment le plus propice était la saison suivant les récoltes ou durant la pleine lune. Ils étaient, en revanche, interdits lors de l'abattage des arbres ou pendant la semence du riz.
Après une séance de tatouage, toujours pratiquée par une femme, les Dayak ne devaient pas se baigner dans la rivière, ne pas manger de chair de lézard mais des fruits en abondance et prier pour que la cicatrisation se passe pour le mieux.
La pratique du tatouage était transmise par une femme plus âgée à une autre femme.

Indochine, péninsule de l’Asie, comprenant la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie occidentale, Singapour, la Cambodge, le Laos et le Viêt Nam

Autrefois, les Lao, étaient tatoués depuis le genou jusqu’au nombril, la zone tatouée était comparable à une culotte moulante qui pouvait descendre jusqu’à mi-mollet. La zone tatouée représentait une imbrication d’écailles et d’animaux tels qu’éléphants, singes, lions, tigres, oiseaux.
Un homme Lao, qui se respectait, devait se faire tatouer. Sans quoi, il encourait la sanction morale collective et nulle femme ne l’aurait épousé. A contrario, l’accomplissement du tatouage donnait un prestige viril et était un signe de bravoure.
Les femmes Lao, quant à elles, ne portaient pas de tatouages.

Pour les Cambodgiens, la pratique du tatouage revêtait d’une symbolique religieuse, protectrice et immunitaire.
Le maître tatoueur marquait le dos des mains ainsi que les articulations des enfants Cambodgiens de lettres protectrices. L’adolescent, qui apprenait l’art de la lutte, était une nouvelle fois tatoué au niveau des mains, des muscles du dos, des épaules et de la poitrine. Ce tatouage était un talisman qui devait lui assurer la puissance et le prémunir des coups donnés par son maître d’apprentissage de la lutte.
Pour assurer les pouvoirs des tatouages, ceux-ci devaient être consacrés, après encrage, par sept moines dans sept monastères différents.
Les motifs tatoués étaient des diagrammes, des figures géométriques symboliques, des syllabes magiques, des formules ésotériques, des lettres magiques, des formules issues de la doctrine bouddhiste qui rendaient invulnérable et des représentations de divinités.

En Birmanie, les tatouages étaient pratiqués par les chamans. La fonction essentielle de cette parure corporelle était la protection. Le tatouage symbolisait également la force et la virilité.
Les tatouages devaient prémunir des morsures de serpents et détourner les balles. Cependant, le pouvoir magique du motif tatoué était en corrélation avec l’attitude du tatoué au moment du rite de l’encrage et le bon vouloir du dieu qui pouvait interférer dans la réussite de la force du tatouage. L’échec du pouvoir spirituel de la personne tatouée était imputé à son incapacité à plaire à l’esprit protecteur, peut-être ne lui avait-il pas fait assez d’offrandes, le jour du tatouage était-il défavorable ou trop proche de la célébration d’un autre dieu ?
Les redoutables guerriers Birmans combattirent les Indiens, les Thaïs et les Anglais, armés entre autres, de leurs tatouages, lesquels, comme ils le croyaient, les rendaient invincibles et invulnérables.
On retrouvait deux iconographies distinctes dans les motifs tatoués. La première, la plus ancienne représentation du tatouage birman, formait un short moulant englobant les hanches jusqu’aux genoux retraçant des ogres, des tigres, des paons, des singes, des lézards, des animaux mythiques, des fleurs de lotus. La seconde, religieuse, caractérisée par des chiffres magiques, des symboles, des textes bouddhistes.

Dans la tradition thaïlandaise, le rite du tatouage exprimait une expérience profondément spirituelle. Le tatouage était un rituel religieux au cours duquel un moine inscrivait des diagrammes magiques dans lesquels il insérait des textes sacrés, des images de divinités et des représentations animales comme le tigre, le lion, le lézard ou encore le singe sur les parties dites « pures » du corps, c'est-à-dire au-dessus de la ceinture du croyant. Ces tatouages étaient considérés extrêmement favorables et soupçonnés de pouvoirs magiques.
Une fois par an, lors du week-end proche de la 3ème pleine lune de l’année, c’est le Wan Wai Kruh, « le jour où est honoré le maître ». Les moines tatoueurs de Thaïlande se retrouvent alors au temple de Wat Bang Phrae, temple considéré comme le centre du tatouage traditionnel thaï.
A l’occasion de cette célébration, les moines tatouent jour et nuit, sans discontinuer, les pèlerins qui attendent patiemment leur tour.
Un tatouage réalisé lors de cette cérémonie possède un pouvoir spécial.

Afrique

La plus ancienne représentation d’un corps tatoué est une peinture rupestre ; la Dame blanche ou Déesse à cornes, datant de 6'000 ou 7'000 ans avant Jésus-Christ. Cette peinture rupestre a été trouvée dans le Tassili N’Ajjer, un parc national situé au sud-est de l’Algérie, haut plateau aride à plus de 1’000 mètres d'altitude qui s’étend jusqu’au centre du Sahara, c’est le plus extraordinaire musée préhistorique à ciel ouvert… Une prodigieuse concentration de peintures rupestres y ont été répertoriées et, depuis 1982, il est classé patrimoine mondial de l'UNESCO.

En Afrique du nord, le tatouage était pratiqué pour conjurer le mauvais sort, pour prévenir les maladies, pour différencier les classes sociales. Il avait une valeur décorative, rituelle et protectrice.
Les motifs les plus fréquemment représentés étaient des croissants, des lignes verticales, des points, des traits, des losanges et des « V » emboîtés les uns dans les autres. Ces motifs étaient disposés essentiellement sur le visage et les mains. Cependant, selon les ethnies, les bras, les jambes, les pieds et la région pectorale, descendant du menton jusqu’à la poitrine, de la femme pouvaient également être décorés.
C’est à l’aide d’une aiguille ou d’une épine, d’un peu de noir de fumée recueilli sous une marmite, que les mères marquaient les premiers signes magiques sur les visages de leurs fils. Les filles étaient conduites chez une tatoueuse professionnelle.
Bien que cette pratique fut très ancienne, l’Islam condamne le tatouage, autant qui s'y soumet que celui qui le fait. Selon le Coran, rien ne doit modifier la création de Dieu sous peine d'être un "allié de Satan“.
Néanmoins, malgré la prohibition religieuse, le tatouage demeura répandu et, pour parer à cet interdit, le tatouage éphémère, réalisé au henné, se mit en place. Les femmes paraient leurs pieds et leurs mains de croix, de lignes et de points dessinés au henné.

Les Coptes, les chrétiens d'Egypte, pratiquaient un tatouage de dévotion. Les motifs tatoués étaient principalement composés de représentations du Christ, de la Vierge Marie ou de Saints illustres.
Le métier de tatoueur était transmis de père en fils et les plaquettes de tatouages, des motifs étaient sculptés en relief sur des tablettes de bois servant de tampon, après avoir été encrées lesdites tablettes étaient appliquées sur la partie interne du poignet ou sur le bras, le tatoueur n’avait plus qu’à suivre le tracé avec ses aiguilles puis à frotter le dessin avec de l’encre, faisaient partie de l’héritage familial.
Le tatouage jouait également un rôle commémoratif, les pèlerins Coptes se faisaient tatouer sur le bras la date de leur pèlerinage à Jérusalem.
Ils arboraient une croix sur la face interne du poignet, ce signe symbolisait leur religion. Les Coptes voulaient ainsi s’assurer d’être enterrés selon la tradition chrétienne, s’ils venaient à mourir dans un pays pratiquant une autre confession.

En Afrique Noire, à l’instar du tatouage pratiqué par les peuples à la peau claire, la scarification était une indication d’appartenance à une communauté ainsi qu’une marque identitaire.
En fonction de l’appartenance à une ethnie, de son statut, de ses croyances magico-religieuses, des expériences et événements vécus par un individu, les marquages corporels, dus à la scarification, affichaient l’histoire de sa vie et de sa communauté.
La scarification avait une valeur thérapeutique et protectrice. C’était également une pratique de valorisation et d’embellissement du corps.
A l’âge de 13 ou 14 ans, les gencives des jeunes femmes du peuple "Sarakole", ethnie installée dans l’ancien empire du Ghana, en Afrique Occidentale, étaient tatouées en bleu.

Europe

En signe de ralliement et de reconnaissance, les nouveaux convertis au christianisme de la Rome antique chrétienne marquaient leurs mains, leurs bras et parfois même leur front de symboles religieux représentés par le Christ, le cerf, le triangle ou le poisson.
En 313, l’empereur Constantin, le premier empereur romain à se convertir au christianisme, interdit le tatouage aux chrétiens. Cependant, cette interdiction demeura partielle car elle ne concernait que le visage.
En 787, le pape Adrien Ier interdit les tatouages d'inspiration païenne.
Malgré cette interdiction, la pratique du tatouage perdura. Elle trouva même un nouvel essor au début des Croisades, l’église assurant une sépulture chrétienne aux Croisés dont la peau était stigmatisée par le signe de la croix.

Les pèlerins du sanctuaire de Notre-Dame-de-Lorette, selon la tradition, c’est à Lorette, Italie, que fut transportée la maison de Nazareth, la Sainte Maison de Lorette fut le premier sanctuaire de portée internationale dédiée à la Vierge, se faisaient tatouer des symboles religieux tracés le plus souvent sur leurs poignets.

Les chrétiens résidant en Bosnie-Herzégovine, centre d’une région à majorité musulmane, se faisaient tatouer des croix, des cercles ou des points sur les mains et les bras en signe de reconnaissance et revendication de leur foi chrétienne.

En France, pour accéder au rang de compagnon, le compagnonnage regroupait les ouvriers d’élite d’un même corps de métier, l’apprenti devait se soumettre à un rituel d’initiation. Les étapes les plus importantes de ce rituel consistaient à la présentation de son chef-d’œuvre puis à effectuer un tour de France. Un tatouage, sur le bras ou sur la poitrine, concrétisait l’acceptation de l’apprenti.
Les emblèmes professionnels tatoués étaient en relation avec le corps de métier exercé ; pour un maçon : une truelle, un cordonnier : une botte, un coiffeur : une paire de ciseaux, un armurier : un fusil, un boulanger : du pain…
Dans la France moyenâgeuse, le marquage corporel punitif assurait l’identification des criminels, des voleurs, des déserteurs, des braconniers, des prostituées, des mendiants. L’ablation des oreilles, l’amputation du nez ou des mains, châtiments qui pouvaient être suivis de l’exécution, ainsi que la condamnation à ramer sur des galères étaient des peines qui pouvaient également être encourues.
L’emblème royal de la fleur de lys était le stigmate le plus usité dans le marquage corporel punitif, différentes lettres pouvaient également être employées comme le « T » pour le condamné aux travaux forcés, le « F » pour le faussaire ainsi que les lettres « GAL » pour les galériens…

En Angleterre, quelques siècles plus tard, ce même type de marquage corporel punitif, par lettres, fut instauré. Sa pratique fut abolie par la Reine en 1879.
De retour d’une expédition dans le Pacifique, en 1691, un célèbre navigateur, pirate, écrivain et observateur scientifique anglais, William Dampier, amena en Angleterre un insulaire, le prince Giolo, fils d’un roi. Le prince était originaire des Philippines, son corps était couvert de tatouages raffinés.
William Dampier présenta le prince Giolo à l’aristocratie londonienne, admirative devant ses tatouages.
Le prince fut le premier homme tatoué à se retrouver ainsi exhibé devant une foule de curieux qui trouvèrent ses marquages corporels extrêmement exotiques. Dès lors, les nobles anglais commencèrent à porter un vif intérêt pour le tatouage.
Lors de son second voyage à Tahiti, en 1775, le navigateur James Cook ramena Omai, un insulaire des mers du Sud, que l’on exhiba également pour ses décorations corporelles.

En Europe, l’exhibition d’indigènes tatoués, d’hommes et de femmes occidentaux aux corps couverts de tatouages faisait frémir la société. Ils étaient de véritables attractions se montrant aux côtés de phénomènes de foire, tels qu’homme-tronc, femme à barbe, frères siamois…
Ces hommes ou femmes phénomènes tatoués attiraient les foules dans les cirques, les foires ainsi que dans les salles de spectacles et généraient un véritable filon. Certains tatoueurs gagnaient leur vie en suivant ces cirques.

Au début du 19ème siècle, le tatouage était de plus en plus présent dans les principales villes portuaires occidentales, les tatoueurs œuvraient dans les ports, sur les ponts, dans les cales des navires amarrés. Des marins-tatoueurs encraient même directement sur les navires voguant dans les océans.